Il existe maintenant de nombreux moyens pour soulager la douleur lors des actes médicaux : prise de sang, pose d'une perfusion ... chez l'enfant. Après une revue des "petits moyens" (distraction, doudou ...), cet article vous propose de voir comment appliquer de la crème anesthésiante et comment on peut également avoir recours, si besoin à d'autres anesthésiants.
La perception de la douleur varie selon l’âge et selon chaque individu
Chaque individu perçoit différemment la douleur. Pour certains une prise de sang est une douleur intolérable que l'on coterait facilement à 8-9 sur une échelle de 0 à 10. Alors que d'autres ne sentiront même pas l'aiguille. Il faut respecter l'angoisse et la douleur de chacun. Heureusement, nous avons maintenant plusieurs "petits" moyens pour faciliter ces gestes. De plus, en général, plus un enfant grandit, plus la sensation de la douleur diminue pour la même piqûre.
Par exemple, pour une prise de sang :
- un enfant de 6 à 7 ans dira qu’il a mal entre 5 et 6 sur une échelle de 10 de la douleur de 0 à 10 (0 : il n'y a aucune douleur, 10 est la douleur la plus forte)
- un enfant de 7 à 11 ans dira qu’il a mal entre 3 et 3,7
- et un enfant de plus de 11 ans dira qu’il a mal entre 1,9 à 2,41
Soulager la douleur et l’angoisse de la prise de sang ou de la perfusion
Les moyens non médicamenteux
Un climat rassurant
Le plus important est d'installer un climat rassurant. Dites à votre enfant qu'il va avoir un bilan ou une perfusion. Vous pouvez lui en parler lorsque vous appliquez la crème anesthésiante par exemple. Pas besoin de lui mettre la pression trop longtemps à l'avance.
Dites-lui à quoi sert le bilan ou la perfusion, les enfants aiment bien comprendre ce qu'on leur fait.
Ne prononcez jamais les mots "douleur", "mal"... Si vous dîtes à n'importe qui qu'il n'aura "pas mal", il n'enregistrera que le mot "mal" et pas la négation qu'il y a juste avant.
Amenez le doudou et/ou la sucette pour l'examen.
Si vous le pouvez, installez-vous le plus près possible de votre enfant et faites en sorte qu’il vous voit. Tenez-lui la main, gardez un contact physique avec lui pendant l'examen. Parlez-lui et encouragez-le en lui disant que vous êtes très fier de lui.
La distraction
A tout âge, détourner l’attention de quelqu'un permet de limiter la sensation douloureuse lors d’un soin. Souvent les enfants aiment bien qu'on leur parle de leur loisir (sport, musique, jeux vidéo ...) préfér . On peut également leur poser des énigmes à résoudre ou les faire compter à l'endroit ou à l'envers selon leur âge. Pour les plus petits, vous pouvez jouer avec leur doudou ou des jouets colorés et musicaux, leur chanter une comptine ou raconter une histoire sur un livre. Beaucoup de services de pédiatrie utilisent même des jeux sur tablette pour distraire l'enfant le temps du geste. N'hésitez pas à amener votre tablette au laboratoire d'analyse médicale.
L'hypnothérapie
Pour les enfants plus grands, on peut également avoir recours à d'autres thérapeutiques comme l'hypnothérapie. De plus en plus de praticiens se forment à cette technique.
Les moyens médicamenteux
La crème anesthésiante
La crème anesthésiante est à base de lidocaïne et prilocaïne. La plus connue est l'EMLA mais il existe également des crèmes anesthésiantes génériques. Elles se présentent sous forme de patch ou de crème avec un pansement spécial. La crème anesthésiante est très efficace pour la prise de sang ou la pose d’une perfusion, mais elle doit être posée minimum 1 à 2 heures à l'avance pour bien agir (plutôt 2 heures si votre enfant a la peau mate). Certains soignants préfèrent l'éviter, car elle diminue le volume des veines. Il suffit pourtant pour éviter cet inconvénient de la retirer 15 minutes avant la prise de sang ou la pose de la perfusion. L'anesthésie sera toujours aussi efficace, mais les veines auront repris leur volume normal.
Comment poser la crème anesthésiante
Demandez si vous devez poser la crème vous-même et où ou si le soignant qui pratiquera le bilan préfère la poser lui-même. Pour une prise de sang ou une perfusion, on vous demandera en général d'étaler généreusement de la crème au niveau des 2 plis du coude (à l'intérieur du coude) voir au dos d'une ou deux mains (voir le dessin et les photos).
Evitez les patchs qui sont douloureux lorsqu'on les retire et peuvent provoquer des réactions allergiques locales. Ils sont en plus en aluminium !
Au niveau du pli du coude
Appliquer 1/3 à 1/2 tube sur les plis du coude ou le dos des mains (vous pouvez adapter les doses en fonction de l'âge de vote enfant selon le tableau ci-dessous).
Vous pouvez essayer de repérer les veines. Elles forment des petits cordons bleutés légèrement surélevés sous la peau. Parfois on ne voit pas très bien l'aspect bleuté sur le pli du coude mais on repère bien la surélévation linéaire.
Etaler de la crème anesthésiante généreusement dessus. N'essayez pas de la faire pénétrer.
Entourer ensuite d'un film plastique type cellophane alimentaire puis d'une petite bande pour empêcher l'enfant de tirer sur le film.
Au niveau de la main
On suit les mêmes étapes :
Essayez de repérer la veine ...
puis appliquez la crème sur le dos de la main ...
... et recouvrez de cellophane alimentaire ...
... ajoutez, si besoin, une petite bande, pour empêcher l'enfant d'enlever la crème.
Consulter le tableau ci-dessous pour
Adapter les doses et le temps d'application de la crème anesthésiante en fonction de l'âge de votre enfant :
Âge | Dose recommandée/site | Dose maximale | Temps d'application |
Nouveau-né à terme jusqu'à 3 mois | 0,5 g = 0,5 ml = 1/2 patch = 1/10° tube
à 1 g = 1 ml = 1 patch = 1/5° tube |
1 g | 1 h maximum |
3 mois à 1 an | 0,5 à 1 g | 2 g
(soit un peu moins d'1/2 tube pour 2 sites) |
1 h 30 à 4 h |
1 à 6 ans | 1 à 2 g
(soit environ 1/3 de tube sur 2 à 4 sites) |
10 g = 2 tubes | 1 h 30 à 4 h |
6 à 12 ans | 2 g
(soit 2 ml ou un peu moins de la moitié du tube sur un plusieurs sites) |
20 g | 1 h 30 à 4 h |
> 12 ans | 2 à 3 g
(soit la moitié du tube sur un ou plusieurs sites) |
50 g | 1 h 30 à 4 h |
Le MEOPA
On vous proposera peut être de mettre du gaz anesthésiant, du "Protoxyde d'azote" ou du "MEOPA" (pour Mélange Equimolaire Oxygène Protoxyde d’Azote). Il s'agit d'un mélange de gaz, d'oxygène et de protoxyde d'azote. Le MEOPA n'a aucune odeur, et on le respire par l'intermédiaire d'un masque. Il ne fait pas dormir, votre enfant reste conscient et peut parler, mais il le rend dans un état euphorique qui permet de supprimer ou d'atténuer la douleur. Il faut le respirer pendant quelques minutes avant qu’il agisse, dès que le masque est enlevé, l’effet disparaît. S'il attendue la douleur, il est important de continuer à distraire l'enfant pour qu'il ne garde pas le souvenir d'un moment désagréable lié à l'acte. Certains services appliquent des feutres avec des senteurs diverses pour distraire encore plus l'enfant.
Il est maintenant de plus en plus utilisé dans les hôpitaux (et depuis 2010 il peut aussi être utilisé pour des soins à domicile, ou chez certains dentistes).
Son utilisation est officiellement recommandée pour certaines piqûres plutôt douloureuses : ponction lombaire, myélogramme ... Mais il peut être utilisé, sous prescription médicale, pour des prises de sang ou une perfusion si l’enfant a beaucoup d’appréhensions ou a vécu des expériences antérieures difficiles. Il est adapté pour des enfants à partir de 4 ans, mais peut aussi être utilisé avec des enfants plus jeunes, voire des bébés, s’ils acceptent bien le masque.
Si vous avez un vaccin à réaliser, consultez la page : Les vaccins ce n’est pas forcément douloureux !
Sources :
- Sparadrap.org [consulté le 25 Août 2016]
Auteur :
Dr Emmanuelle RONDELEUX
Pédiatre, Allergologue, Homéopathe
Date de publication : 25 Août 2016
Dernière révision de l'article : 23 juin 2023
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