Comment aider votre enfant à s'endormir quand dormir devient difficile. Le Dr F. CECCATO nous livre quelques-unes de ces astuces issues de son livre "1 à 3 ans la grande aventure de l'autonomie !".
Que veut dire "faire ses nuits" ?
‘’Faire ses nuits’’
c’est dormir toute la nuit sans réveiller ses parents. Mais les enfants n’ont pas lu la notice ! Et chacun a son propre rythme...
Faut-il le coucher à heures fixes ?
Pour son équilibre, votre enfant a besoin de régularité, notamment dans les heures de coucher et de lever. Tenir compte de son heure d’endormissement spontané facilite la tâche. Repousser l’heure du coucher en espérant qu’il tombera de fatigue est une fausse « bonne idée » : plus il tarde à se coucher, plus il est fatigué et plus il est énervé aussi. Oups !
Le Conseil du Pédiatre :
Votre enfant a besoin de régularité dans les heures de coucher et de lever.
Et les soirs de fête ? Bon, c’est exceptionnel : être un peu souple rend la fête aussi exceptionnelle !
Faut-il supprimer la sieste pour que mon enfant dorme mieux la nuit ?
Supprimer la sieste ne facilite pas le sommeil. La sieste a une réelle influence sur les nuits : un enfant qui dort en début d’après-midi sera moins énervé le soir et s’endormira plus facilement. Au fur et à mesure qu’il grandit, son besoin de sommeil diminue, le temps de sieste aussi.
Mon enfant refuse d’aller se coucher le soir, dois-je le forcer ?
Les « bouts chou » sont experts en motifs valables retardant le coucher notamment re-repipi, verre d’eau, ranger sa chambre sans que rien ne dépasse, boutonner son pyjama, enlever sa couche juste mise, partir à la recherche du doudou, une dernière histoire, Papa ? Un autre bisou ? "Maman câlin", etc.
40 % de ses petits copains ont développé les mêmes compétences. Ils sont dans leur phase « affirmation de soi » et les parents dans leur phase « exténuation des deux » !
Votre enfant a plus d’un an, vous pouvez désormais sans forcer vous aider d’un petit rituel et d’un chronomètre. Le principe est de lui proposer d’être « maître du temps ». Une heure avant le coucher, un minuteur (dont il a choisi la sonnerie avec vous) sonne pour qu’il sache qu’il a 15 ou 20 minutes pour les préparatifs du coucher : pyjama, brossage des dents, rangement, etc. S’il a fini avant, c’est tant mieux : il a du temps pour lui, pour jouer ou écouter son histoire favorite...
Mon enfant se réveille depuis qu’il est tout petit, il n’a jamais fait ses nuits, est-ce normal ?
Non, pas vraiment. Il s’agit bien de troubles du sommeil, et c'est aussi la préoccupation majeure des parents.
La moitié des parents y sont confrontés à un moment ou à un autre. Avec l’âge, le nombre de réveils diminue. Ainsi à 15 mois, la majorité des enfants ne se réveille plus que deux nuits par semaine et à 24 mois, plus qu’une nuit par semaine. Voilà un vrai défi à surmonter pour les parents, leur propre manque de sommeil engendré par les réveils de leur enfant. Cette situation peut parfois être aggravée par les conditions de vie actuelles des parents : multiples activités, difficultés familiales, travail, nouvelles technologies — tablettes et smartphones — responsables eux aussi de couchers tardifs.
Terreurs nocturnes ou cauchemars : comment faire la différence ?
Ce sont souvent les mêmes enfants qui refusent d’aller dormir et qui se réveillent la nuit. Les terreurs nocturnes arrivent dans le premier tiers de la nuit. Fréquentes, elles touchent un enfant sur quatre. Les terreurs nocturnes sont dues à un bref réveil lors de la phase de sommeil lent et profond. Ainsi l’enfant crie, s’agite, ne vous reconnaît pas, peut prononcer des paroles incohérentes ... Cet épisode est généralement unique. Il a un début très brutal et peut durer en moyenne de 1 à 30 minutes. Votre enfant a besoin qu’un adulte reste près de lui et attende qu’il se rendorme, même s’il ne se souvient de rien à son réveil.
Les cauchemars surviennent en deuxième partie de nuit, ce sont des mauvais rêves qui vont le réveiller, mais le rassurer va lui permettre de se rendormir.
Mon fils a peur du noir, que faire ?
Un éclairage progressif permet de baisser la lumière en douceur. Au contraire, laisser le plafonnier allumé avec des ampoules basse consommation (très blanches) favorise l’éveil. La lumière qui aide à s’endormir est jaune-orange. Lui laisser une veilleuse ou une baladeuse rechargeable peut le rassurer.
Quel traitement peut-on proposer pour mieux dormir ?
Il est néfaste pour un enfant de s’habituer à prendre un médicament pour s’endormir. Des sirops à base de plantes existent en pharmacie. Mais ils n’ont pas fait la preuve de leur efficacité. Tisanes et traitements homéopathiques ne présentent aucun danger, mais à condition de bien rincer la bouche après leur administration pour ne pas laisser leur sucre abîmer les dents toutes neuves.
Gardez une chambre calme, 18°C à 20°C, et un même horaire de coucher précédé d’un rituel.
Être plus ferme aiderait-il mon enfant à dormir ?
Votre enfant a besoin de se sentir en sécurité : aller au lit n’est pas négociable. Il y a les moments pour jouer, être câliné, discuter... et puis le moment pour dormir. Il y a un temps pour l’enfant et aussi un temps pour les parents. L’indécision est inquiétante, la fermeté rassurante.
Quand doit-on se faire aider ?
Quand cela ne suffit pas, et avant qu’enfant et parents ne s’épuisent, votre médecin peut vous aider. Il va s’assurer de l’absence de maladie, s’interroger sur un changement récent qui inquiète votre enfant. Il peut voir avec vous comment réorganiser les rythmes veille-sommeil et les phases de l’endormissement, etc.
Chaque enfant, chaque famille est unique : ce qui convient à l’un ne convient pas à l’autre. Anxiété, angoisse de séparation, excitation sont des causes parfois difficiles à identifier, d’autant que le langage du petit enfant est en construction. Ces troubles du sommeil entraînent fatigue des parents et tension au sein du couple. Avoir recours à un(e) psychologue peut permettre de retrouver un climat familial apaisé.
À qui demander de l’aide ?
Auprès des personnes en qui vous avez confiance, vos parents, votre médecin, la PMI, des amis proches capables de vous écouter sans juger, de conseiller sans culpabiliser, mais aussi de vous relayer pour pouvoir vous reposer. Confier un week-end de temps en temps votre enfant aux grands-parents peut faire le bonheur des petits et des grands.
A consulter également : Le sommeil entre 1 et 3 ans du même auteur.
Bibliographie :
Côté Parent :
- Lyliane Nemet-Pier, Cet enfant qui ne dort pas ? Pour en finir avec les nuits sans sommeil , Éd. Albin Michel, 2013.
- Marie Thirion, Marie-Josèphe Challamel, Le sommeil, le rêve et l’enfant, Marie Thirion, Marie-Josèphe Challamel, Éd. Albin Michel, 2011.
- Barbara Unell & Jerry Wycko , Se faire obéir sans crier, Poche Marabout, 2013.
Côté Enfant :
- Jeanne Ashbé, La nuit, on dort ! , Éd. L’École des loisirs, 2004.
- Sean Taylor, Trois doudous qui ne voulaient pas dormir, Éd. Bayard Jeunesse, 2011.
- Mercer Mayer, Il y a un alligator sous mon lit, Éd. Gallimard jeunesse, 2010.
- Katrien Thant, Le Château aux mille pièces, Éd. Autrement jeunesse, 2000.
- Stéphanie Blake, Non pas dodo ! Éd. L’école des loisirs, 2011.
- Philippe Corentin, Papa !, Éd. L’école des loisirs, 2002.
- Émile Jadoul, Qui est là ?, Éd. Casterman, 2006.
- Ki y Crowther, Scritch, scratch, dip clapote !, Éd. L’école des loisirs, 2002.
- Christophe Le Masne, Marie-Aline Bawin, Tom fait un cauchemar, Éd. Mango, 2012.
- Marie-Aline Bawin, Tom ne veut pas dormir, Éd. Mango, 2012.
- Elisabeth de Lambily, Marie-Aline Bawin, Tom a peur du noir, Éd. Mango, 2012.
- Orianne Lallemand, P’tit Loup a peur du noir, Orianne Lallemand, Éd. Auzou, 2013.
Auteur :
Dr Françoise CECCATO
Pédiatre
Date de publication : 1 mai 2017
Dernière révision de l'article : 25 octobre 2017
Cet article est un extrait du livre du Docteur Françoise CECCATO, "1 à 3 ans, la grande aventure de l'autonomie !" , aux Éditions MANGO.