3 cas de méningite sur le campus de Dijon

Après 3 cas de méningite sur le campus de Dijon, il est mis en place une campagne de vaccination contre le Méningocoque W. Aprenez dans cet article à reconnaitre les Méningocoques, leur mode transmission et les moyens de luttes contre les infections à Méningocoque.

Qu'est-ce que le Méningocoque ?

Le méningocoque (Nom d'espèce : Neisseria meningitidis) est une bactérie présente dans la gorge, le nez qui peut être responsable d'infections très graves comme les méningites et le purpura fulminans.

Le purpura fulminans est une complication redoutable de l'infection à méningocoque, qui se traduit par des plaques rouges sur la peau et un choc septique foudroyant mortel une fois sur trois.

Certaines personnes peuvent avoir des méningocoques  dans les voies respiratoires hautes sans le savoir et sans qu'ils entraînent une maladie c'est ce que l'on appelle des "porteurs sains".

Comment se transmettent les infections à méningocoque ?

Le méningocoque se transmet par l'intermédiaire de gouttelettes de salive ou lors d'éternuements  lors d'un contact rapproché (moins d'un mètre) entre un porteur de cette bactérie et une autre personne. Dans les jours qui suivent son installation dans la gorge, le méningocoque peut traverser la muqueuse, atteindre la circulation sanguine et entraîner une infection grave dite "invasive" . Même chez une personne en pleine santé, elle peut entraîner  une inflammation des méninges (méningite), ces tissus qui recouvrent notre cerveau et la moelle épinière,  ou infection du sang (septicémie). L'évolution peut conduire au décès du malade.

Quels sont les différents méningocoques ?

Le méningocoque est entouré d'une capsule. La composition de cette capsule permet de distinguer 12 types ou "sérogroupes" de méningocoques mais cinq seulement sont responsables à eux seuls de 99 % des cas d'infection graves. Ce sont le A, B, C, W (auparavant nommé W135) et Y. Les sérogroupes en cause peuvent être très différents d'une région du monde à l'autre. De plus, les bactéries appartenant à un même sérogroupe (C ou W, par exemple) peuvent elles-mêmes être différentes (tout comme l'espèce humaine est composée d'individus différents). Mais, il est possible de caractériser précisément ces bactéries pour savoir si c'est la même qui est impliquée chez différents malades.

En France , une à deux personnes chaque jour ont une méningite à méningocoques. Environ 70% sont des Méningocoques B. Le plus fréquent ensuite est le Méningocoque C.

La vaccination contre le Méningocoque C est recommandée depuis plusieurs années en France dès l' âge de 12 mois. Il existe 2 vaccins le NEISVAC® et le MENJUGATE®. Auparavant on a aussi vacciné avec le vaccin MENINGITEC®.

Qu'est-ce que le méningocoque W ?

Le sérogroupe W ou W 135, était surtout connu comme étant responsable d’épidémies au pèlerinage de La Mecque et en Afrique occidentale. La vaccination est d'ailleurs obligatoire pour les personnes effectuant un pèlerinage en Arabie Saoudite . Jusqu’à présent, il n'y avait que quelques cas isolés en France, une quarantaine en 2016, contrairement à d'autres pays.

Les mesures de prévention

La maladie est difficile à reconnaître dans les premières heures. Pour évoluer favorablement, le malade doit recevoir des antibiotiques le plus rapidement possible. Mais, même avec un traitement rapide, il y a risque de décès ou de graves séquelles.

La meilleure façon de prévenir de ces maladies est donc la vaccination. Les vaccins contre la méningite à Méningocoque recommandés en France dans le calendrier vaccinal ne protègent pas contre le Méningocoque W.

Les cas d'infection à méningocoque survenus dans le campus universitaire de Dijon.

Le 22 décembre 2016, une étudiante de la faculté de droit de l'Université de Dijon est décédée d'un purpura fulminans à méningocoque de sérogroupe W. Il s'agissait du troisième cas d'infection invasive à méningocoque W affectant des étudiants du campus universitaire de Dijon depuis octobre. Le premier cas (une étudiante de 20 ans de la faculté de droit) est également décédé. Le second cas, survenu également en octobre (jeune fille de 17 ans de la Faculté de sociologie), a évolué favorablement.

Les deux premiers cas sont liés à un même variant le W:P1.5,2:F1-1:cc11. Le typage du méningocoque W responsable du dernier cas est en cours.

Ce variant est apparu en Amérique du Sud et au Royaume-Uni et tend à s'implanter en Europe. Il a pour caractéristique de provoquer fréquemment des formes atypiques d'infection invasive à méningocoque, notamment des formes digestives (se manifestant par des nausées, des douleurs abdominales et des vomissements)[1-2]. Il est également très virulent.

Cette situation survient dans un contexte d'une augmentation de l'incidence des infections invasives à méningocoque en France, augmentation liée à l'installation de ce clone W:P1.5,2:F1-1:cc11, qui tend à remplacer le clone « africain » qui circulait jusque là.

Le nombre de cas déclarés fin novembre était de 48 contre 26 en moyenne les trois années précédentes. L'augmentation la plus forte a été observée chez les nourrissons âgés de moins d'un an, les adolescents et jeunes adultes âgés de 15 à 24 ans ainsi que chez les personnes âgées de plus de 60 ans.

La létalité est la proportion de décès parmi les cas observée : elle indique le risque de mourir chez les personnes atteintes de la maladie. Cette létalité est de 26 % pour les infections dues au sérogroupe W. Si elle est inchangée par rapport aux dernières années, elle est deux fois plus élevée que pour les infections dues aux sérogroupes C ou B.

Les mesures de lutte contre les infections à méningocoque sur le campus universitaire de Dijon.

La situation observée sur le campus universitaire de Dijon a justifié la mise en place rapide des modalités habituelles de prévention :

  • antibioprohylaxie (un antibiotique est prescrit pour éliminer les bactéries présentes dans la gorge, avant qu'elles n'atteignent le sang et le cerveau) et
  • vaccination des sujets contacts, c'est-à-dire des personnes qui ont été en contact très étroit (moins d'un mètre) avec une personne malade. Ces mesures ont concerné une cinquantaine de personnes pour le dernier cas.

La mise en place d'une campagne de vaccination élargie a été décidée et mise en place par les autorités de santé. La cible concerne la population étudiante de Dijon : le campus universitaire ainsi que les écoles. Enseignants et personnels travaillant sur les lieux sont également concernés, soit au total un peu plus de 30 000 personnes. Les deux vaccins quadrivalents méningococciques conjugués ACWY (Nimenrix® et Menvéo®) sont efficaces contre le clone identifié et pourront être utilisés. La campagne de vaccination est organisée par l'Agence régionale de santé (ARS) avec le soutien de l'Université et du CHU de Dijon.

Pour des raisons de logistique, la vaccination organisée sur le campus universitaire se déroulera en trois vagues :

  • La première à partir du 4 janvier concerne les étudiants du pôle économie et gestion où sont apparus les derniers cas (soit 750 à 1 000 personnes) et s'étendra sur une semaine environ.
  • La seconde phase pendant une quinzaine de jours, concernera 8 000 à 10 000 personnes.
  • La troisième phase concernera les quelque 20 000 personnes restantes fréquentant le campus universitaire de Dijon.

L'objectif de cette campagne est d'éradiquer de la communauté universitaire cette souche de sérogroupe W, nouvellement implantée. L'objectif secondaire est également de limiter la diffusion de cette souche inquiétante au sein de la population générale. Le succès dépendra du nombre de vaccinés.

Quels sont les risques d'extension de ce clone de méningocoque W ?

Il faut rappeler qu'au Royaume-Uni, l'implantation de cette même souche virulente a conduit les autorités de santé à mettre en place un programme de vaccination systématique des adolescents par un vaccin méningococcique quadrivalent ACWY. Pour l'instant, ce n'est pas le cas en France.

Sources :

  1. Epidémie d'infections à méningocoques W sur le campus de Dijon : caractéristiques et stratégie de lutte. Nouvelle sur MesVaccins.net. 6 janvier 2017.[consulté le 14 janvier 2017] 
  2. Campbell H and Ladhani S. The importance of surveillance: Group W meningococcal disease outbreak response and control in England. Int Health 2016.
  3. Cas groupés d'infection grave à méningocoque W chez des étudiants de la région de Dijon. Nouvelle sur MesVaccins.net. 26 décembre 2016.[consulté le 14 janvier 2017] 
  4. Agence nationale de santé publique. Note d'information sur les infections invasives à méningocoque du sérogroupe W. 26 décembre 2016.
  5. Interview du Dr Daniel Lévy-Brühl (Agence nationale de santé publique) sur France Culture. 6 janvier 2017.

Auteur :
Dr Rondeleux EmmanuelleDr Emmanuelle RONDELEUX
Pédiatre, Allergologue, Homéopathe

Date de publication : 15 janvier 2017
Dernière révision de l'article : 15 janvier 2017

 

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